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10 décembre 2010 5 10 /12 /décembre /2010 20:51

 

Après les « dommages collatéraux », exposés en première partie, que de grandes compagnies sont capables d'engendrer, les différents intervenants du documentaire nous proposent des « thérapies » (en référence à la patholigie de psychopathe).

 

En tout premier lieu, ne pas sombrer dans le pessimisme, car :

 

- Les situations peuvent se retourner

- Toutes les structures ont des failles

- Le capital peut être tenu pour responsable

- Rien n'est gravé dans la pierre et peut être démantelé. La plupart des états, ont des lois pour cela.

 

Ensuite :


- Penser à une plus grande échelle sur les impacts des actions individuelles.

- Regarder les fondements de la forme légale qui a créé « ce monstre ». Trouver qui peut les rendre responsables.

- Ne pas sous estimer le pouvoir du peuple.

 

Des exemples de mutations :

 

Le Comité National des Travailleurs (organisme US) a porté au grand jour le travail des enfants dans l'industrie textile, modifiant, souvent au terme de procès, de manière significative les méthodes des entreprises de Kathy Lee Gifford, Wall-Mart, et Gap.

 

Le cas le plus exemplaire de repositionnement est celui de Ray Anderson, PDG d'Interface.

Interface est le leader mondial du marché des dalles de moquette pour bureaux, avec un chiffre d’affaires de plus de 1,3 Milliards de Dollars en 2003. Il emploie 8 000 personnes à travers le monde et a été élu, grâce à une étonnante politique sociale, un des 100 meilleures groupes pour lesquelles travailler par le magazine Fortune. Ray Anderson, son fondateur s’est lancé, il y a plusieurs années, dans ce qu’il considère comme son plus grand défi : devenir la première entreprise industrielle avec un impact global positif sur l’environnement, après la lecture, en 1994, d' « Ecology of commerce » de Paul Hawken.
« Ce fut comme si une flèche m’avait traversé le cœur, ce livre a réellement changé ma vie ». Y est décrit l’assèchement de la plus grande nappe phréatique du centre des Etats-Unis, la perte annuelle de l'équivalent de la superficie de terres agricoles australienne, la disparition de vastes surfaces de forêts brésiliennes et en Indonésiennes, l’extinction des espèces à un rythme 10 000 fois plus rapide qu’avant 1850 et l’augmentation de la population mondiale de 90 Millions d’êtres humains chaque année. Il en conclut que l'empreinte écologique globale de l'humanité dépasse largement la capacité d’absorption de la Terre et qu’il faut vite y remédier....

À cette époque, Interface extrait 600 milliards de tonnes de matériaux chaque année pour sa production, dont 2/3 de non-renouvelables, dédiés à la pétrochimie. Ray s’approprie rapidement la vision de Paul Hawken et engage son entreprise dans un virage décisif. Devenir l’un des modèles de la prochaine Révolution Industrielle (la première étant avérée non-durable), avec une activité totalement soutenable à l'horizon 2012. Cela implique l'arrêt d’émissions de gaz à effet de serre, de la production de déchet, l'utilisation d'énergies renouvelables et le passage progressif à une économie de service où l’on louerait l’usage de la moquette plutôt que d’acheter de la matière.

Malgré de nombreuses difficultés, ses résultats sont là (chiffres de 2003) : les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 31 % (tout en doublant la taille de la société), on a produit 60% plus avec la même quantité de matériaux, et les énergies renouvelables représentent à 12% du bouquet énergétique. Cerise sur le gâteau : en faisant plus de 80 Millions de Dollars d’économie !

Avec une volonté et un engagement fermes dans la durée, Interface fait figure de symbole de changement de paradigme, celui qui réconcilie le formidable pouvoir de l’industrie avec les préoccupations de la société civile. Ray Andreson, a été récompensé par de très nombreux prix et encensé par les ONG environnementales les plus radicales. Il milite pour rendre le pillage des ressources illégal.

 

Le libéralisme contrôlé en plein coeur des Etats Unis :


Avec la mise en place d'un comité pour un contrôle démocratique des sociétés implantées à Arcata : un arrêté municipal y limite le nombre de chaines de restaurants. Son effet immédiat a été de refuser l'implantation d'un nouveau restaurant, le nombre étant atteint...

Les villes de Licking et Porter en Pennsylvanie ont pris une décision historique en adoptant une ordonnance qui interdit aux sociétés de revendiquer les droits constitutionnels d'une personne.

 

Au passage est soulevé un paradoxe : certains américains se méfient du gouvernement, car ils ne comprennent pas qu'ils ont le droit d'y participer, alors qu'à moins d'être actionnaire, on ne peut pas participer à ce que fait une entreprise. Si les gens participaient plus à la vie de la société civile, elle leur appartiendrait à eux, et non aux compagnies...

 

Des gens ordinaires déterminés, réunis par une cause juste, parviennent à faire fléchir des gouvernements et des multinationales :

 

*La Biopiraterie déboutée.

Un brevet déposé par W.R Grace sur l'usage fongicide du neem (arbre dont les propriétés médicinales, cosmétique, fongicides et insecticides sont connues depuis plus de 2000 ans) a été annulé par l'Office Européen des Brevets, après la mobilisation de la société civile indienne, au motif de l'antériorité des savoirs traditionnels.

 

Un autre brevet, sur le riz basmati de RiceTec, a été annulé grâce a une coalition mondiale.

 

S'inspirant de Gandhi incitant à violer les lois que la Grande-Bretagne voulait imposer à l'Inde pour collecter un impôt sur le sel, les indiens ont agi de même vis à vis d'une loi interdisant le stockage des graines. Là-bas, des fermiers résistent à la pression des groupes tels que Monsanto, font pousser leurs graines, les stockent, et n'achètent pas de pesticides. Ils triplent ainsi leurs revenus...

La promotion d'alternatives est une voie pour des changements durables.

 

*Des pouvoirs publics pas si puissants :

Au plus fort des émeutes de Cochabamba en Bolivie, l'armée s'est barricadée, la police est restée dans ses locaux, les membres du Congrès sont devenus invisibles, le gouverneur s'est caché, puis a démissionné. Seul restait le peuple rassemblé dans la rue. « El pueblo unido jamas sera vincido » (« Le peuple uni ne sera jamais vaincu »).

 

Le bon sens finit par avoir un impact. Partout dans le monde, des gens trouvent des alternatives durables là où des compagnies se pensaient incontournables.

 

M. Moore soulève le paradoxe de son métier : faire des documentaires, qui ont un impact sur les consciences va à l'encontre des groupes de média qui l'emploient. Il l'explique par le fait que ce qu'ils voient en premier lieu, c'est l'argent que rapportent ses documentaires. Ils ne croient pas en leur contenu et sont persuadés que les gens ne passeront jamais à l'action.

L'avidité est une faille du capitalisme : « L'homme riche vous vendra la corde pour le pendre s'il peut en tirer un $ »...

 

Pour aller plus loin, selon la volonté des auteurs, le film est visible en streaming et téléchargeable : http://www.archive.org/details/theCorporation_en_st_fr

 

 

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